jueves, 12 de julio de 2012


L'Époux infernal / El esposo infernal

 

Esta traducción (chafa) la hice para recordar la frase "hay que reinventar el amor. La pareja que aparece, infernal; el amor es un infierno en una sociedad que ya no lo conoce. Por demás, los videos de youtube son de una muy chabacana lectura, pero ni modo, es lo único que había. Por cierto, si creo sería maravilloso cazar en desiertos y dormir en los adoquines de ciudades desconocidas.

 

     Écoutons, la confession d'un compagnon d'enfer:

     "Ô divin Époux, mon Seigneur, ne refusez pas la confession de la plus triste de vos servantes. Je suis perdue. Je suis soûle. Je suis impure. Quelle vie !

     "Pardon, divin Seigneur, pardon ! Ah! pardon ! Que de larmes ! Et que de larmes encor plus tard, j'espère !

     "Plus tard, je connaîtrai le divin Époux ! Je suis née soumise à Lui. — L'autre peut me battre maintenant !

     "À présent, je suis au fond du monde! Ô mes amies !... non, pas mes amies... Jamais délires ni tortures
semblables... Est-ce bête!

     "Ah ! je souffre, je crie. Je souffre vraiment. Tout pourtant m'est permis, chargée du mépris des plus méprisables cœurs.

     "Enfin, faisons cette confidence, quitte à la répéter vingt autres fois, — aussi morne, aussi insignifiante !

     "Je suis esclave de l'Époux infernal, celui qui a perdu les vierges folles. C'est bien ce démon-là. Ce n'est pas un spectre, ce n'est pas un fantôme. Mais moi qui ai perdu la sagesse, qui suis damnée et morte au monde, — on ne me tuera pas! — Comment vous le décrire! Je ne sais même plus parler. Je suis en deuil, je pleure, j'ai peur. Un peu de fraîcheur, Seigneur, si vous voulez, si vous voulez bien!

     " Je suis veuve... — J'étais veuve... — mais oui, j'ai été bien sérieuse jadis, et je ne suis pas née pour devenir squelette !... — Lui était presque un enfant... Ses délicatesses mystérieuses m'avaient séduite. J'ai oublié tout mon devoir humain pour le suivre. Quelle vie ! La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde. Je vais où il va, il le faut. Et souvent il s'emporte contre moi, moi, la pauvre âme. Le Démon ! — C'est un Démon, vous savez, ce n'est pas un homme.

     "Il dit : "Je n'aime pas les femmes. L'amour est à réinventer, on le sait. Elles ne peuvent plus que vouloir un position assurée. La position gagnée, cœur et beauté sont mis de côté : il ne reste que froid dédain, l'aliment du mariage, aujourd'hui. Ou bien je vois des femmes, avec les signes du bonheur, dont, moi, j'aurais pu faire de bonnes camarades, dévorées tout d'abord par des brutes sensibles comme des bûchers..."

     "Je l'écoute faisant de l'infamie une gloire, de la cruauté un charme: "Je suis de race lointaine : mes pères étaient Scandinaves : ils se perçaient les côtes, buvaient leur sang. — Je me ferai des entailles par tout le corps, je me tatouerai, je veux devenir hideux comme un Mongol: tu verras, je hurlerai dans les rues. Je veux devenir bien fou de rage. Ne me montre jamais de bijoux, je ramperais et me tordrais sur le tapis. Ma richesse, je la voudrais tachée de sang partout. Jamais je ne travaillerai..." Plusieurs nuits, son démon me saisissant, nous roulions, je luttais avec lui ! — Les nuits, souvent, ivre, il se poste dans des rues ou dans des maisons, pour m'épouvanter mortellement. — "On me coupera vraiment le cou ; ce sera dégoûtant. "Oh ! ces jours où il veut marcher avec l'air du crime !

     "Parfois il parle, en une façon de patois attendri, de la mort qui fait repentir, des malheureux qui existent certainement, des travaux pénibles, des départs qui déchirent les cœurs. Dans les bouges où nous enivrions, il pleurait en considérant ceux qui nous entouraient, bétail de la misère. Il relevait les ivrognes dans les rues noires. Il avait la pitié d'une mère méchante pour les petits enfants. — Il s'en allait avec des gentillesses de petite fille au catéchisme. — Il feignait d'être éclairé sur tout, commerce, art, médecine. — Je le suivais, il le faut !

     "Je voyais tout le décor dont, en esprit, il s'entourait ; vêtements, draps, meubles : je lui prêtais des armes, une autre figure. Je voyais tout ce qui le touchait, comme il aurait voulu le créer pour lui. Quand il me semblait avoir l'esprit inerte, je le suivais, moi, dans des actions étranges et compliquées, loin, bonnes ou mauvaises : j'étais sûre de ne jamais entrer dans son monde. A côté de son cher corps endormi, que d'heures des nuits j'ai veillé, cherchant pourquoi il voulait tant s'évader de la réalité. Jamais l'homme n'eut pareil vœu. Je reconnaissais, — sans craindre pour lui, — qu'il pouvait être un sérieux danger dans la société. — Il a peut-être des secrets pour changer la vie ? Non, il ne fait qu'en chercher, me répliquais-je. Enfin sa charité est ensorcelée, et j'en suis la prisonnière. Aucune autre âme n'aurait assez de force, — force de désespoir ! — pour la supporter, — pour être protégée et aimée par lui. D'ailleurs, je ne me le figurais pas avec une autre âme : on voit son Ange, jamais l'Ange d'un autre, — je crois. J'étais dans son âme comme dans un palais qu'on a vidé pour ne pas voir une personne si peu noble que vous : voilà tout. Hélas ! je dépendais bien de lui. Mais que voulait-il avec mon existence terne et lâche ? Il ne me rendait pas meilleure, s'il ne me faisait pas mourir ! Tristement dépitée, je lui dis quelquefois : "Je te comprends." Il haussait les épaules.

     "Ainsi, mon chagrin se renouvelant sans cesse, et me trouvant plus égarée à mes yeux, — comme à tous les yeux qui auraient voulu me fixer, si je n'eusse été condamnée pour jamais à l'oubli de tous ! — j'avais de plus en plus faim de sa bonté. Avec ses baisers et ses étreintes amies, c'était bien un ciel, un sombre ciel, où j'entrais, et où j'aurais voulu être laissée, pauvre, sourde, muette, aveugle. Déjà j'en prenais l'habitude. Je nous voyais comme deux bons enfants, libres de se promener dans le Paradis de tristesse. Nous nous accordions. Bien émus, nous travaillions ensemble. Mais, après une pénétrante caresse, il disait : "Comme ça te paraîtra drôle, quand je n'y serai plus, ce par quoi tu as passé. Quand tu n'auras plus mes bras sous ton cou, ni mon cœur pour t'y reposer, ni cette bouche sur tes yeux. Parce qu'il faudra que je m'en aille, très loin, un jour. Puis il faut que j'en aide d'autres : c'est mon devoir. Quoique ce ne soit guère ragoûtant..., chère âme..." Tout de suite je me pressentais, lui parti, en proie au vertige, précipitée dans l'ombre la plus affreuse : la mort. Je lui faisais promettre qu'il ne me lâcherait pas. Il l'a faite vingt fois, cette promesse d'amant. C'était aussi frivole que moi lui disant : "Je te comprends."

     "Ah ! je n'ai jamais été jalouse de lui. Il ne me quittera pas, je crois. Que devenir? Il n'a pas une connaissance ; il ne travaillera jamais. Il veut vivre somnambule. Seules, sa bonté et sa charité lui donneraient-elles droit dans le monde réel ? Par instants, j'oublie la pitié où je suis tombée : lui me rendra forte, nous voyagerons, nous chasserons dans les déserts, nous dormirons sur les pavés des villes inconnues, sans soins, sans peines. Ou je me réveillerai, et les lois et les mœurs auront changé, — grâce à son pouvoir magique, — le monde, en restant le même, me laissera à mes désirs, joies, nonchalances. Oh! la vie d'aventures qui existe dans les livres des enfants, pour me récompenser, j'ai tant souffert, me la donneras-tu? Il ne peut pas. J'ignore son idéal. Il m'a dit avoir des regrets, des espoirs : cela ne doit pas me regarder. Parle-t-il à Dieu ? Peut-être devrais-je m'adresser à Dieu. Je suis au plus profond de l'abîme, et je ne sais plus prier.

     "S'il m'expliquait ses tristesses, les comprendrais-je plus que ses railleries ? Il m'attaque, il passe des heures à me faire honte de tout ce qui m'a pu toucher au monde, et s'indigne si je pleure.

     " Tu vois cet élégant jeune homme, entrant dans la belle et calme maison : il s'appelle Duval, Dufour, Armand, Maurice, que sais-je ? Une femme s'est dévouée à aimer ce méchant idiot : elle est morte, c'est certes une sainte au ciel, à présent. Tu me feras mourir comme il a fait mourir cette femme. C'est notre sort, à nous, cœurs charitables..." Hélas ! il avait des jours où tous les hommes agissant lui paraissaient les jouets de délires grotesques : il riait affreusement, longtemps. — Puis, il reprenait ses manières de jeune mère, de sœur aimée. S'il était moins sauvage, nous serions sauvés ! Mais sa douceur aussi est mortelle. Je lui suis soumise. — Ah! je suis folle !

     "Un jour peut-être il disparaîtra merveilleusement ; mais il faut que je sache, s'il doit remonter à un ciel, que je voie un peu l'assomption de mon petit ami !"

     Drôle de ménage !








Escuchemos la confesión de un compañero del infierno:

«Oh divino Esposo, mi Señor, no rechaces la confesión de la más triste de vuestras sirvientas. Estoy perdida. Estoy borracha. Soy impura. ¡Qué vida!

»¡Perdón, divino Señor, perdón! ¡Ah, perdón! ¡Cuántas lágrimas! ¡Y cuántas lágrimas espero más tarde, todavía!

»¡Más tarde, conoceré al divino Esposo! Nací sometida a Él — ¡El otro puede golpearme ahora!

»¡Ahora, estoy en el fondo del mundo! ¡Oh amigas mías!... no, no sois mis amigas... Jamás delirios ni torturas semejantes... ¡Es idiota!

»¡Ah! yo sufro, grito. Sufro en verdad. Sin embargo, todo me está permitido, cargada con el desprecio de los más despreciables corazones.

»En fin, hagamos esta confidencia, aunque haya de repetírsela veinte veces más, ¡igualmente sombría, igualmente insignificante!

»Yo soy esclava del Esposo infernal, aquel que perdió a las vírgenes locas. Es un demonio. No es un espectro, no es un fantasma. Pero a mí, que he perdido la prudencia, que estoy condenada y muerta para el mundo, — ¡no me han de matar! — ¡Cómo describirlo! Ya ni siquiera sé hablar. Estoy de duelo, lloro, tengo miedo. ¡Un poco de frescura, Señor, si lo consientes, si así lo consientes!

»Yo soy viuda... Era viuda... por cierto que sí, yo era muy seria antaño, ¡y no nací para convertirme en esqueleto!... —Él era casi un niño... Sus delicadezas misteriosas me sedujeron. Olvidé todo deber humano para seguirlo. ¡Qué vida! La verdadera vida está ausente. No pertenecemos más al mundo. Yo voy a donde él va, es inevitable. Y a menudo él se encoleriza contra mí, contra mí, una pobre alma. — ¡El Demonio! Porque es un Demonio, saben, no es un hombre.

»El dice: "Yo no amo a las mujeres. Hay que reinventar el amor, se sabe. Ellas no pueden desear más que una posición segura. Conquistada la posición, corazón y belleza se dejan de lado: sólo queda un frío desdén, alimento del matrimonio hoy por hoy. O bien veo mujeres, con los signos de la felicidad, de las que yo hubiera podido hacer buenas camaradas, devoradas desde el principio por brutos sensibles como hogueras..."

»Yo lo escucho hacer de la infamia una gloria, de la crueldad un hechizo. "Soy de raza lejana: mis padres eran escandinavos; se perforaban las costillas, bebían la sangre. Me haré cortaduras por todo el cuerpo, me tatuaré marcas, quiero volverme horrible como un mongol: verás, aullaré por las calles. Quiero volverme loco de rabia. Jamás me muestres joyas, me arrastraría y me retorcería sobre la alfombra. Mi riqueza, yo la querría toda manchada de sangre. Jamás trabajaré..."
»Muchas noches, como su demonio se apoderara de mí, rodábamos por el suelo, ¡yo luchaba con él! Por las noches, ebrio a menudo, se embosca en las calles o en las casas, para espantarme mortalmente. "Es verdad, me cortarán el cuello; será asqueroso" ¡Oh! esos días en que quiere aparecer con el aire de crimen.

»A veces habla, en una especie de dialecto enternecido, de la muerte que trae el arrepentimiento, de los desdichados que indudablemente existen, de los trabajos penosos, de las partidas que desgarran el corazón. En los tugurios donde nos emborrachábamos, él lloraba al considerar a los que nos rodeaban, rebaño de la miseria. Levantaba del suelo a los beodos en las calles oscuras. Sentía la piedad de una mala madre por los niños pequeños. Ostentaba gentilezas de niñita de catecismo. Fingía estar enterado de todo, comercio, arte, medicina. ¡Yo lo seguía, no había nada que hacer!

»Veía todo el decorado de que se rodeaba en su imaginación; vestimentas, paños, muebles; yo le prestaba armas, otro rostro. Yo veía todo lo que lo emocionaba, como él hubiera querido crearlo para sí. Cuando me parecía tener el espíritu inerte, lo seguía, yo, en acciones extrañas y complicadas, lejos, buenas o malas: estaba segura de no entrar nunca en su mundo. Junto a su querido cuerpo dormido, cuántas horas nocturnas he velado, preguntándome por qué deseaba tanto evadirse de la realidad. Jamás hombre alguno tuvo ansia semejante. Yo me daba cuenta —sin temer por él— que podía ser un serio peligro para la sociedad. ¿Quizá tiene secretos para transformar la vida? No, no hace más que buscarlos, me replicaba yo. En fin, su caridad está embrujada y soy su prisionera. Ninguna otra alma tendría suficiente fuerza —¡fuerza de desesperación!— para soportarla, para ser protegida y amada por él. Por lo demás, yo no me lo figuraba con otra alma: uno ve su Ángel, jamás el Ángel de otro —según creo. Yo estaba en su alma como en un palacio que se ha abandonado para no ver una persona tan poco noble como nosotros: eso era todo. ¡Ay!, dependía de él por completo. ¿Pero qué pretendía él de mi existencia cobarde y opaca? ¡Si bien no me mataba, tampoco me volvía mejor! Tristemente despechada, le dije algunas veces: "Te comprendo". Él se encogía de hombros.

»Así, como mi pena se renovara sin cesar, y como me sintiera más extraviada ante mis propios ojos —¡como ante todos los ojos que hubieran querido mirarme, de no haber estado condenada para siempre al olvido de todos!— tenía cada vez más y más hambre de su bondad. Con sus besos y sus abrazos amistosos, yo entraba realmente en un cielo, un sombrío cielo, en el que hubiera querido que me dejaran pobre, sorda, muda, ciega. Empezaba a acostumbrarme. Y nos veía a ambos, como a dos niños buenos, libres de pasearse por el Paraíso de la Tristeza. Nos poníamos de acuerdo. Muy emocionados, trabajábamos juntos. Pero después de una penetrante caricia, me decía: "Cuando yo ya no esté, qué extraño te parecerá todo esto por lo que has pasado. Cuando ya no tengas mis brazos bajo tu cuello, ni mi corazón para descansar en él, ni esta boca sobre tus ojos. Porque algún día, tendré que irme, muy lejos. Pues es menester que ayude a otros: es mi deber. Aunque eso no sea nada apetitoso... alma querida..." De inmediato me adivinaba, sin él, presa del vértigo, precipitada en la sombra más tremenda: la muerte. Y le hacía prometer que no me abandonaría. Veinte veces me hizo esa promesa de amante. Era tan frívolo como yo cuando le decía: "Te comprendo".

» Ah, jamás he tenido celos de él. Creo que nunca ha de abandonarme. ¿Qué haría? No conoce a nadie, jamás trabajará. Quiere vivir sonámbulo. ¿Bastarían su bondad y su caridad para otorgarle derechos en el mundo real? Por momentos, olvido la miseria en que he caído: él me tornará fuerte, viajaremos, cazaremos en los desiertos, dormiremos sobre el empedrado de ciudades desconocidas, sin cuidados, sin penas. O despertaré, y las leyes y, las costumbres habrán cambiado —gracias a su poder mágico—; el mundo, aunque continúe siendo el mismo, me dejará con mis deseos, con mis dichas, con mis abandonos. ¡Oh!, ¿me darás la vida de aventuras que existe en los libros para niños, como recompensa, por tanto como he sufrido? Pero él no puede. Yo ignoro su ideal. Me ha dicho que siente nostalgias, esperanzas: eso no debe importarme. ¿Le habla a Dios? Quizá debiera yo dirigirme a Dios. Estoy en lo más profundo del abismo, y ya no sé orar.

» Si él me explicara sus tristezas, ¿las comprendería yo mejor que sus burlas? Me ataca, pasa horas avergonzándome con todo lo que ha podido conmoverme en el mundo; y se indigna si lloro.

»"¿Ves a ese joven elegante que entra en una hermosa y tranquila residencia? Se llama Duval, Dufour, Armando, Mauricio, ¿qué sé yo? Una mujer se ha consagrado a amar a ese malvado idiota: ella ha muerto, y es seguro que ahora es una santa en el cielo. Tú causarás mi muerte, como él causó la muerte de esa mujer. Esa es la suerte que nos toca a nosotros, corazones caritativos..." ¡Ay! había días en que todos los hombres con sus actos le parecían juguetes de grotescos delirios: y, se reía espantosamente, durante largo rato. Luego, recuperaba sus maneras de joven madre, de hermana querida. ¡Si fuera menos salvaje, estaríamos salvados! Pero también su dulzura es mortal. Yo me le someto. ¡Ah, estoy loca!

»Acaso un día desaparezca maravillosamente; pero es menester que yo sepa si ha de subir a algún cielo, ¡que pueda ver un poco la asunción de mi pequeño amigo!»

¡Vaya una pareja!



Arthur Rimbaud. (fragmento de Une saison en enfer)
Traducción de su servilleta.

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